Le troisième sexe, une fausse bonne idée !

Le troisième sexe, une fausse bonne idée !

Lola, responsable du groupe transidentitaire de la Maison Arc-en-Ciel, a souhaité réagir suite à la reconnaissance par l’Allemagne d’un troisième sexe. Voici sa réaction !

C’est toute une affaire ! L’Allemagne est le premier pays européen à adopter la mention d’un troisième sexe sur les pièces d’identités.

Et bien, permettez-moi de vous dire que c’est un « pétard mouillé » ! Tout simplement parce que ce n’est pas le premier pays dans le monde qui prend cette initiative que je n’approuve d’ailleurs pas.

Bien avant l’Allemagne, l’Australie avait déjà fait ce choix. Et bien avant l’Australie, l’Inde, la Malaisie, le Népal et la Thaïlande avaient validé cette possibilité.

Pour moi, la seule action valable qu’un état peut prendre est de supprimer la mention du sexe sur les documents d’identité. Aux XVIIIème et XIXème siècles, la mention du sexe sur la carte d’identité permettait de discriminer les femmes qui n’avaient aucun droit et qui vivaient sous la totale domination des hommes. Mais, depuis cette époque, nous avons fait du chemin et à force de volonté et d’opiniâtreté, nous gagnons petit à petit l’égalité avec nos compagnons de vie. Tous les métiers (ou presque) sont accessibles aux femmes et elles ont les mêmes droits civils et politiques que les hommes. Donc, pourquoi est-il encore utile de savoir que telle personne est de sexe féminin et que telle autre est de sexe masculin. L’apparence physique est-elle à ce point difficile à différencier pour qu’il faille encore mentionner le sexe de chacun sur sa carte d’identité ?

Quelle va être la lettre utilisée pour spécifier ce troisième sexe ? Nous ne sommes pas sortis de l’auberge car il va y avoir le choix : « N » pour « neutre » (ce n’est pas très flatteur !), « T » pour « transgenre » (oui mais des personnes transgenres, il y en a de plusieurs genres : des femmes transgenres, des hommes transgenres, des transgenres fluides, …), « I » pour « intersexué » (rien que pour ce genre, il y a 48 différenciations !), « Q » pour « queer », ou encore « A » pour « agenre » et puis, je peux continuer ainsi. Ce n’est donc pas une très bonne idée ! Surtout qu’elle va pousser encore un peu plus la discrimination des genres. Chaque fois qu’une personne non genrée « M » ou « F » présentera sa carte d’identité à une personne la requérant, elle sera victime d’un « outing » envers un étranger qui, plus que vraisemblablement, n’en aura rien à faire du genre de cette personne !

La seule lettre pouvant englober toutes les personnes ne se reconnaissant pas en tant qu’homme ou en tant que femme est la lettre « N ». Si c’est cette option qui est choisie, on va vite déchanter. Les personnes assignées « N » se feront chaque fois stigmatiser ! «Ah ! Vous n’êtes ni un homme, ni une femme ! Et bien qu’êtes-vous alors ?» C’est normal que l’on pose cette question, vu que dans notre société, nous devons tous être « casés » et les personnes « neutres » seront casées dans un genre de « fourre-tout » qui finira par être la honte à éviter !

Incompréhension voire hostilité des parents, moqueries et chantage des camarades de classes, relation conjugale compliquées,… tel sera le lot quotidien de ces humains classifiés « neutres » !

Donc, finalement, je trouve que la meilleure des solutions est de supprimer cette mention du sexe sur la carte d’identité et le passeport. Que cette mention reste sur l’acte de naissance, je considère encore cela acceptable mais pas dans les conditions actuelles. Le sexe doit être l’objet d’une autodétermination de la part de chaque être humain. À la naissance, la mention du sexe sur l’acte de naissance n’est pas complétée. La personne s’autodéterminera au moment où elle le jugera opportun et cette autodétermination ne sera jamais définitive. Elle pourra être modifiée par la personne au cours de sa vie suivant son ressenti. Vous allez me dire que ce sera une belle pétaudière ! Et bien, je ne le crois pas car lorsqu’un enfant de 5 ans dit à sa mère : « maman, je suis une fille » À l’âge de 70 ans, cet enfant devenu adulte dit encore : « je suis une femme ! »

Enfin, il faudrait penser à évoluer ! En mai 2017, un rapport du Conseil de l’Europe préconisait la suppression des classifications sexuées sur les documents administratifs. Pourquoi ne pas suivre ce conseil avisé ? Je terminerai en citant cette revendication apparue sur une pancarte lors de la Pride : « Enlevez votre sexe de ma carte d’identité !« 


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