Que faire si votre enfant vous révèle sa transidentité ?

Que faire si votre enfant vous révèle sa transidentité ?

Avant l’âge de quatre ans, l’enfant n’a que faire de savoir s’il est un garçon ou une fille. C’est le cadet de ses soucis. L’âge de quatre ans éveille soudain en lui cette réalité qu’il est ce qu’il ressent être. S’il a été assigné dans le bon genre à la naissance, pas de souci pour lui. Par contre, si l’assignation n’est pas conforme à ce qu’il ressent, c’est le début de la souffrance. S’il se sent aimé, il va avoir le courage de révéler sa transidentité d’abord à sa maman.

Il ne va pas dire : « maman, je suis transgenre » car il ne connaît pas ce terme et il ne sait pas vraiment qu’il n’est pas dans la norme sociétale. Il dira plutôt : « tu sais, maman, je ne suis pas une fille (un garçon), je suis un garçon (une fille) » ou encore « maman, je ne veux plus mettre des pantalons (des robes), je veux mettre des robes (des pantalons) ». Voici donc le début des soucis pour la maman.

Que doit-elle faire ou dire ? Surtout ne pas l’assaillir de questions car il ne pourra pas y répondre. Il n’a pour l’instant que son ressenti et son intime conviction qui lui font avouer son état. Acceptez donc ce qu’il vous dit et rassurez-le. C’est de cela qu’il a le plus besoin pour le moment. Surtout, ne lui dites pas : « tu sais, mon chéri (ma chérie), ce n’est pas grave. En grandissant, cela te passera ! » C’est faux ! C’est en lui et cela y est pour toujours ! Si vous lui dites que ce n’est pas possible, qu’il se trompe ou encore qu’il se taise car on va l’enfermer chez les fous, ces paroles vont verrouiller définitivement sa conviction que vous ne le comprenez pas et que vous ne le soutenez pas ! Les relations qu’il a avec vous vont se tendre et devenir précaires. Elles vont lui laisser le sentiment que rien n’est garanti. Il va devenir anxieux car il pensera qu’il s’est trompé et que vous ne l’aimez pas.

Bonjour les dégâts dans la construction de sa personnalité ! En grandissant, il est possible que la confiance en soi de l’enfant soit mise à mal et que ce problème s’accentue. Il pourra entrer dans des relations malsaines et collantes avec quiconque qui lui montrera un peu d’affection. Il n’aura pas confiance dans les autres personnes de son entourage car sa triste expérience lui aura appris que les relations sont instables et dangereuses, que la confiance est éphémère et cela  pourrait l’empêcher de construire des amitiés durables.

Dites-lui plutôt des choses telles que : « Mon chéri (ma chérie) ne t’en fais pas, ce n’est pas grave du tout. Tu n’es pas seul(e), je suis là pour t’aider et te soutenir. Et puis tu sais que je t’aime. » Il (elle) comprendra alors qu’il (elle) a bien fait de vous faire confiance et surtout, il (elle) réalisera qu’il n’est pas fou (folle) voire anormal(e). C’est la base de la construction d’une personnalité stable. Par la suite, continuez à entretenir une relation tout-à-fait normale avec votre enfant et ne prenez jamais l’initiative de lui parler de sa transidentité. S’il vous en parle, répondez-lui sans jamais nier son état. N’espérez pas qu’il vous dise un jour qu’il s’est trompé. Informez-vous auprès des associations compétentes sur ce sujet.

Lorsque vous rencontrerez la personne chargée de vous éclairer et de répondre à toutes les questions que vous vous posez, n’hésitez surtout pas à demander beaucoup d’information. Mieux vous serez informé(e), mieux votre enfant sera heureux et conscient que vous attachez énormément d’importance à son bien-être.

Un jour viendra où il passera à une étape supérieure en vous demandant pour porter les vêtements du genre qu’il prétend être. Il faudra alors peut-être vous faire violence pour accepter sa volonté mais s’il en exprime le souhait, c’est qu’il en ressent un besoin intense. En cas de refus, vous pourriez le plonger à nouveau dans la souffrance et il se posera alors la question de savoir pourquoi vous ne l’aimez pas du tout. La meilleure attitude à adopter est de lui dire que c’est normal vu qu’il est une fille (ou un garçon) de porter des jupes-robes (ou des pantalons). Il vous faudra alors l’aider à faire son coming-out (dévoiler son état) dans le milieu où il vit (famille, école, amis…) Il vous faudra aussi lui montrer que vous le soutenez lorsque des personnes non concernées auront des réflexions déplacées à son égard.

Si au contraire, vous ne le soutenez pas, votre enfant pourrait se refermer sur lui-même, se cacher pour dissimuler sa peine et il pourrait ne plus vous dire la vérité sur ses ressentis. Il est possible que votre enfant devienne un menteur professionnel. Et ce n’est pas le seul défaut qu’il pourrait développer s’il ne peut vivre sa vie telle qu’il la ressent intimement. Il est possible qu’il éprouvera un manque de confiance en lui mais aussi en les autres, il aura du mal de définir ses limites parce qu’il voudra plaire à tout le monde. Il pourrait également devenir perfectionniste pour attirer l’attention sur lui et aura une mauvaise estime de lui. Il sera aussi très sensible au rejet, ce qui le rendra facilement dépressif.

N’ayant finalement pas pu construire sa réelle personnalité, il finira par ne plus se respecter et il passera toujours en dernier. Il fera toujours les choses que les autres ne veulent pas faire même si cela le rebute. Il deviendra coléreux, sera dur avec lui-même et cachera ses émotions. Il ne dépassera jamais son passé avec lequel il vivra, vous tenant rancœur du manque d’amour et de compréhension que vous lui avez accordé.

Vous pensez sans doute que j’ai noirci le tableau ! Et bien, je vais être très sincère avec vous. Ce que je viens d’écrire, je l’ai vécu pendant plus de cinquante ans. Ma mère a nié mon état, m’a manipulée pour que je ne franchisse jamais le cap et à l’heure actuelle, alors que ma mère est décédée depuis près de 10 ans, je vis toujours avec mon passé. Je ne sais pas faire la paix ni avec elle, ni avec tous ceux qui m’ont empêchée d’être moi-même pendant toutes ces longues années. Je suis vraiment née le jour où je suis sortie de l’hôpital dans lequel le chirurgien a fait de moi une femme, cette femme qui a vécu, plus de cinquante ans, enfouie au plus profond de mon être.

Ne vous fiez pas non plus aux psychologues et psychiatres qui s’autoproclament « spécialistes de la transidentité ». Fiez-vous plutôt à votre instinct et à celui de votre enfant et souvenez-vous que les diagnostics sont des étiquettes qui enferment les enfants.

Alors, chers parents, si votre enfant vous déclare sa transidentité avec ses mots, ne vous affolez pas, ce n’est pas la fin du monde mais aimez-le et aidez-le à se développer harmonieusement. Dans le cas contraire, vous deviendrez les auteurs de la torture et du harcèlement moral de votre enfant.

Lola Nicolas

Responsable du groupe transidentitaire

Maison Arc-en-ciel du Luxembourg


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