Les radicalités – par Kodzovi AMEHAME

Les radicalités – par Kodzovi AMEHAME

Je m’intéresse au débat lié au mariage pour tous.
Je pense l’avoir abordé dans plusieurs conférences pour les droits aux homosexuels. Mais, j’aime le répéter clairement et sans équivoque, je suis pour. Je reconnais que des personnes ayant une position contraire à la mienne (même si cette position contraire me hérisse sacrément le poil, je dois être honnête). Et je respecte leur volonté s’ils sont dans une parfaite logique.
Voulons-nous faire de Dieu l’égal des hommes les plus barbares ?
L’être humain est ni un objet ni une marchandise ni un simple animal ; à contrario, il aspire au développement socio-culturel. Deux logiques dominantes nous mènent à une critique sans fin : la marchandisation du monde sous le néolibéralisme religieux, mais aussi l’intégrisme religieux qui prend des formes fascinantes dans certains pays au détriment des homosexuels.
Croire en Dieu tout puissant parce que tout me dit d’y croire. Croire à une âme immortelle. Dieu juste comme il est, bon comme il est, n’a pas mis dans notre âme cette soif de bonheur qui n’est jamais satisfaite. Ce désir de l’infini que nous voulons toujours atteindre et qui s’éloigne d’autant plus que nous nous en approchons d’avantage, s’il n’avait pas eu dans sa justice et sa bonté l’intention de réaliser nos rêves.
Une logique de domination de l’intégrisme se déploie au travers de forces sociales, culturelles et politiques diversifiées. Pour l’essentiel, elles s’inscrivent au sein de trois grands monothéismes : islam, juif et chrétien.
Pour partie, cet intégrisme s’oppose au néolibéralisme, mais uniquement à son volet économique et social. Les intégristes religieux s’accompagnent relativement du capitalisme financier du néolibéralisme et de ses conséquences : la discrimination des personnes ayant une autre orientation sexuelle (homosexuelle) et atypique.
Cependant, on voit aujourd’hui que, malgré des différences doctrinales importantes et ce, depuis plus de 20 ans, une montée mondialisée des trois grands intégrismes religieux (islam, juif, chrétien) qui vient surabonder sur la subculture sexiste et patriarcale pour une couche supplémentaire d’autoritarisme fort doublé d’un sexoséparatisme, surtout juif haredim et musulman autoritaire qui enferme les femmes sous contrôle du mari, dont le voile est souvent l’emblème problématique qui manifeste la dictature d’un hyper patriarcat.
Est-il nécessaire de devoir proposer des perspectives qui portent contre le néolibéralisme et la financiarisation du monde et d’autres qui portent nettement égalité entre hommes et femmes, gays, lesbiennes et transsexuels, l’obtention d’un enfant légal reconnu par l’autorité laïque tolérante dans une administration et dans une culture selon les rites africains via les religions coloniales importées tant au travail que dehors ?
Je me pose plusieurs questions s’il va falloir insister ou non fermement sur le nécessaire combat contre le viol, la prostitution, et toutes les injures ou insultes sexistes et le droit des femmes à disposer de leur corps et l’avortement volontaire.
Les religions croyant mettre la loi morale au-dessus de la loi civile n’arrivent pas à se conformer à l’universalisme des droits humains.
L’islamisme : un mouvement regroupant les courants les plus radicaux de l’islam une idéologie politique qui passe par l’application rigoureuse de la charia et la création d’états islamique qui est un terme apparu en France à la fin des années 1970.

Les écoles traditionnelles de la loi islamique décrivent l’homosexualité comme une turpitude condamnée moralement et socialement dans sa pratique publique ou dans l’incitation à sa pratique. Dans quelques pays appliquant la charia, la sodomie est un crime qui peut être puni par la lapidation.
Au sein de l’Etat islamique, plusieurs homosexuels ont été exécutés par lapidation. La première exécution connue a lieu à Mayadine dans le gouvernorat de Deir Ez-Zor le 25 novembre 2014. Une seconde suit le lendemain dans la ville même de Deir Ez-Zor. Vers début décembre, un homme accusé d’homosexualité est jeté du toit d’un immeuble puis lapidé, cette exécution aurait été ordonnée après un jugement du tribunal islamique de la Wilaya Al-Furat, soit dans la région Boukamal et Al-Aa’im. Une autre exécution de ce type a lieu en janvier 2015 au nord de Mossoul, l’EI executant deux homosexuels.

Le regard des religions sur l’homosexualité varie en fonction de la dénomination religieuse et des époques. Plusieurs religions portent un regard négatif sur l’homosexualité, voire la condamne. C’est souvent le cas de l’islamisme, du christianisme et du judaïsme.
Les personnes homosexuelles ont subi et subissent encore des discriminations voire des persécutions de la part d’autorités religieuses ou sous des motifs religieux hypocrites. Derrière la sensibilisation religieuse homophobe se cache la vraie histoire d’amour des icônes religieux homosexuels.
Des églises protestantes et communions anglicanes dans sa grande majorité, ont revu leur position sur la question, cela étant précise, il existe des positions extrêmement variées et différentes selon les courants, et de nombreux questionnements existent, du fait des propos de l’apôtre 1V.27, ou encore selon les interprétations qui sont faites de certains passages de l’ancien et du nouveau testament. Certains mouvements se sont cependant grandement libéralisés.

L’homosexualité, dans l’anglicanisme par exemple, semble échapper au rejet de l’homosexualité issu du christianisme et au-delà du judaïsme, avec la bénédiction du mariage entre personnes du même sexe et consécration d’évêques ouvertement gays ou lesbiennes et qui est cause de division.
Sur ce point, la crise est ouverte depuis l’ordination d’un pasteur vivant ouvertement une relation homosexuelle stable, Gene Robinson, comme évêque du New Hampshire en 2003 par l’église épiscopale des Etats-Unis.
En Afrique du sud, l’archevêque primat Desmond Mpilo Tutu : Prix Nobel de la paix. Il déclare en 1998, « Puisque nous considérons que l’amour concerne tout l’Être et pas seulement la dimension sexuelle et qu’il ouvre au don de soi et à la compassion, quelles raisons aurions-nous de croire que cette qualité doit être réservée aux couples hétérosexuels ? » Il est encore plus direct en novembre 2007, n’hésitant pas à lancer : « If God, as they say, is homophobia, I wouldn’t worship that God », que l’on peut traduire par : « Dieu, comme ils le disent, est homophobe, je ne rendais pas de culte à ce Dieu. »
De même, l’église évangélique luthérienne en Amérique (ELCA) a voté en août 2009 pour permettre aux homosexuels monogames (et non plus célibataires) d’être ordonnés pasteur diamétralement opposé aux réalités africaines.

L’Afrique, un continent qui a hérité d’une civilisation occidentale et arabe et qui n’a pas eu le temps de se placer dans la réalité d’orientation sexuelle, contrairement à la nouvelle donne religieuse coloniale (christianisme, islamisme). L’homosexualité en Afrique est un sujet de moins en moins tabous. De nos jours, bien que des communautés gays et lesbiennes se créent, la plus grande partie n’arrive pas à digérer leur nourriture. Pour certains, les africains ne sont pas homosexuels et cette pratique serait venue avec l’arrivée des occidentaux pendant la colonisation. La plupart des pays africains créent un environnement anti gay pour raisons culturelles ou religieuses. Alors que les communautés homosexuelles se battent pour leurs droits et être acceptés dans leur environnement, quartier, commune, ville et dans une sphère politico-économique; dans plusieurs pays, elles sont encore agressées, torturées et sont parfois lapidées.
L’homosexualité existait depuis des siècles en Afrique. Ces vingt-sept dernières années, bien que très stigmatisés, voire opprimés et diabolisés, les homosexuels s’affirment pendant des ‘‘gay prides’’, un festival qui n’avait lieu dans aucun pays africain il y a quelques années. Une avancée énorme pour cette communauté.

L’homosexualité en Afrique est une réalité, ce n’est pas qu’un mythe occidentale. Elle est le tout temps et de toutes les cultures mais, reste méconnue à des degrés différents selon les pays.
Par exemple, le Togo, le Maroc, l’Angola le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda, la Tunisie, l’Algérie, sont des pays où l’homosexualité est violemment réprimée, ce qui peut conduire à l’affichage de photos des intéressés sur des lieux publics, épaulés par les autorités compétentes religieuses même publiques. Les discriminations linguistiques sont choses courantes dans la culture africaine selon le pays d’origine. Des thèmes relatifs sortent de l’homosexualité :

En Angola, la sodomie est très présente entre les hommes. On les appelle les « Ouimbandes », du nom d’un groupe ethnique qui se déguisait en femme et avait la passivité d’avoir des rapports sexuels.
Au Togo, le nom donné aux homosexuels est « adoyey ou adowey ». Ce terme signifie de la merde, des excréments. Ils sont souvent arrêtés, déshabillés et mis en promenade au marché, là où il y a masse d’hommes et remis aux prêtres traditionnels ; ils sont souvent emprisonnés dans des couvents traditionnels et civils. La pire des choses, c’est les voir être lapidés ou brûlés.
Au Maroc, deux homosexuels ont été lynchés (hommes) dans leur appartement de Beni Mella parce qu’ils étaient homosexuels. La vidéo de leur agression diffusée sur les réseaux sociaux. Une des deux victimes qui prend quatre mois ferme, l’autre d’abord en fuite, qui a été arrêtée et attend son jugement, un des agresseurs qui écope deux mois avec sursis. C’est un phénomène de mode des marocains encouragés par le pouvoir politique.
L’homosexualité en Afrique remontait à l’ancienne Egypte, donc bel et bien. « Il semblerait que l’interdiction légale viendrait à partir de l’arrivée des occidentaux, notamment avec les religions. Plusieurs anthropologues ont remonté l’histoire dans le temps et l’ont prouvé »: Thabo Mibi de l’université de Kwazulu Natal ou Mar Epprecht et bien d’autres.
Les homosexuels doivent être capables d’assumer leur révolte, puisque la vie n’a pas de sens et chacun doit donner un sens à sa vie. Puisque la liberté est une œuvre à faire et elle s’arrache. Que chaque homosexuel prenne son bouton de pèlerin et aille vers la sensibilisation.

Kodzovi AMEHAME


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